Un vent de Résistance souffle sur Laennec

Le mardi 11 décembre, trois classes de 1e recevaient des témoins directs et indirects des répressions et déportations durant la Seconde Guerre mondiale, dont Alain Bodivit qui s’est engagé dans la Résistance, en 1943, à l’âge de 17 ans.

Cette rencontre s’inscrit, pour certains élèves, dans le cadre de la préparation du Concours national de la Résistance et de la Déportation.

Léa, Margaux et Célestin (de g. à dr.) lisant le discours inaugural rédigé par Florent

Elle a commencé par un discours inaugural rédigé par Florent Bernard de 1e ES2 et lu par trois de ses camarades (Margaux Bernard, Célestin Léofold et Léa Noël) qui terminent en invitant l’assemblée à une minute de silence en hommage à toutes les victimes de la barbarie nazie, ainsi qu’à Marcel Marblez, Résistant pont-l’abbiste tout juste décédé.

Alain Bodivit, Résistant au sein du réseau Turma Vengeance

Sous la forme d’ateliers tournants, les échanges auront permis à chacun d’entendre le récit d’Alain Bodivit, un Résistant entré dans le réseau Turma Vengeance en 1943, à l’âge de 17 ans. « Nous n’étions pas considérés comme des soldats, nous n’étions donc pas protégés par la convention de Genève, si bien que si nous étions pris, nous pouvions être fusillés sur-le-champ comme franc-tireur », raconte l’ancien des Forces Françaises Combattantes.

Alain Bodivit avec un petit groupe d’élèves

Constitué d’anecdotes, de moments d’émotion mais aussi de phases de distanciation et de remises en contexte, ce récit fait prendre conscience aux adolescents, à peine plus jeunes qu’Alain Bodivit au moment où il a rejoint la Résistance, de la force de l’engagement et des risques encourus.

L’engagement, c’est aussi le thème que mettent en avant Maryvonne Moal des Amis de la Fondation de la Déportation et François Fouré des Amis de la Fondation de la Résistance : « engagez-vous ! Mais choisissez bien la cause pour laquelle vous vous engagez ».

François Fouré témoigne du parcours de son grand-père, chef des FFI parisiens
Maryvonne Moal, fille d’Emile Jégaden résistant déporté au Struthof

Le père de Mme Moal, le grand-père de M. Fouré ont, l’un et l’autre, été déportés en raison de leur participation active à la Résistance. Ils ont payé un lourd tribut, le second y laissant même la vie. Quant au premier, les souvenirs de cette sombre période l’auront hanté jusqu’à la fin de ses jours. Edgard de Bortoli, de son côté, raconte l’histoire de son père, Carlo, fusillé en 1942 à Paris pour son activisme au sein de la Résistance brestoise.

Edgard de Bortoli évoque son père fusillé pour faits de Résistance

Autre histoire, autre destin, celui de Marcel Gléhen, évoqué par sa fille Nelly Masseron. Ce Plomeurois de naissance s’est illustré, alors qu’il était prisonnier de guerre en Allemagne, en cherchant à s’évader à plusieurs reprises.

Nelly Masseron raconte la déportation de son père à Rawa-Ruska

Cela lui a valu la déportation dans le camp de représailles de Rawa Ruska, situé dans l’actuelle Ukraine. « Camp de la goutte d’eau et de la mort lente », selon Winston Churchill, le Premier ministre britannique. Marcel Gléhen en a réchappé grâce à son caractère et sa force morale exceptionnels, grâce aussi à une part de chance, grâce encore à la solidarité entre détenus et à quelques Allemands qui lui auront « apporté une aide précieuse, par exemple, l’un d’entre eux, en partageant son maigre repas », souligne sa fille.

Le récit de Lucienne Nayet est tout autre, la douleur est encore présente : elle figure au rang des victimes des répressions et persécutions. Alors que son père Michel Lerman a été arrêté en tant que juif et qu’il est « parti en fumée à Auschwitz », elle a vu le jour à l’hôpital Rotschild à Paris, le seul où les médecins juifs étaient encore autorisés à travailler.

Lucienne Nayet : les souvenirs douloureux d’une enfant juive cachée durant la Seconde Guerre mondiale

Elle est déclarée mort-née par des membres de la Résistance qui œuvrent dans cet hôpital, afin de soustraire les enfants juifs à la folie criminelle des Nazis. Elle passe ainsi les six premiers mois de sa vie à la morgue puis vit cachée, en Vendée, dans un appartement où, pour écarter tout risque de dénonciation, le bébé ne doit faire aucun bruit.

Lucienne Nayet (à gauche) et Marie-Noëlle Postic, l’une apporte son témoignage, l’autre le remet en contexte.

Trois-quarts de siècles plus tard, Lucienne en conserve un traumatisme, encore palpable, à travers ce témoignage poignant.

Charge à présent aux élèves, en compagnie de leurs enseignants d’histoire, de dépasser l’émotion pour tirer des leçons de la diversité des parcours, de la complémentarité des témoignages et des messages forts véhiculés.