Louis Le Gros, artiste rescapé de Buchenwald

Son fils, Marc, écrivain et poète, commissaire scientifique de l’exposition qui lui était consacrée par le Musée de Morlaix (« 26 décembre 1943, Louis Le Gros otage déporté de Morlaix »), a présenté l’oeuvre de son père au groupe 1 de Littérature & Société et à la classe de 1re ES2.

Préparer le concours de la Résistance

Tous ces élèves, encadrés par leurs professeurs de français et d’histoire-géographie, participent au Concours National de la Résistance et de la Déportation 2016. Le thème au programme (« Résister par l’Art et la Littérature ») invite en effet, cette année, à une approche pluridisciplinaire.

Marc Le Gros devant des élèves très intéressés
Les élèves de 1re 2 et le groupe 1 de Littérature & société (2de 1 et 3)

Des croquis pour témoigner

Déporté dans le camp de Buchenwald et dans le Kommando de Flössberg, le Nord-Finistérien, Louis Le Gros, n’a eu de cesse, tout au long de sa détention, de dessiner des croquis témoignant de son quotidien et de celui de ses camarades. « Pour Louis Le Gros, rien ne vaut le témoignage immédiat, la captation dans l’urgence et le danger, de la chose vue. » (Marc Le Gros)

L’auto-portrait au matricule
Profondément marqué, comme tous ses camarades, par sa déportation, Louis Le Gros se représente, plus de 20 ans après sa libération, dans sa tenue rayée de déporté, avec le matricule que lui avait attribué les Nazis.

Dessiner pour survivre

Avec pédagogie et passion, Marc Le Gros témoigne de l’expérience concentrationnaire de son père, y compris dans les détails les plus sordides. Son discours très didactique permet aux lycéens de cerner l’importance du dessin pour l’artiste qu’était son père.

« Ces images volées dans les pires conditions disent seulement l’ordinaire, le quotidien le plus brut et parfois le plus trivial. Elles se déclinent strictement au présent, un présent cruel auquel il fallait répondre et l’on peut penser que seul l’exorcisme du dessin pouvait, pour Louis le Gros, contrecarrer l’épreuve ».

Marc Le Gros présentant le kommando de Flössberg
Lecture des textes accompagnant les peintures consacrées au kommando de Flössberg (Photo prise par Margot Maubrou, élève de 1re ES2)

« La bête ne meurt jamais »

L’histoire d’une couverture de livre
Marc le Gros raconte, devant un public ébahi, l’histoire singulière de la couverture du livre qu’il tient en main.
Une couverture de livre originale
Louis Le Gros a décidé de couvrir l’oeuvre intitulée « Tragédie de la déportation. 1940-1945 » avec son uniforme rayé. Il y a ajouté le matricule qu’il portait, ainsi que le triangle rouge des déportés politiques.

En soi donc, dessiner était vital à Louis Le Gros, une manière de survivre, de rester humain, un véritable acte de résistance. Mais aussi un vibrant appel à la vigilance : la bête ne meurt jamais. L’artiste souhaitait en effet, qu’à travers ses dessins, “on se souvienne que le "bacille de la peste ne meurt, ni ne disparaît jamais”, qu’il peut toujours comme le notait Camus, “réveiller un jour ses rats et les envoyer mourir dans une cité heureuse”. »

Ce message, les lycéens ne sont pas près de l’oublier.

Voir en ligne : Compte-rendu réalisé par les élèves de 1re ES2