Elèves et journalistes contre la désinformation.

Conférence au lycée Laennec sur les infox et le complotisme

A l’occasion de l’intervention au lycée Laennec, le 13 janvier, de l’ancien rédacteur en chef délégué d’Ouest-France, Alain Peudenier, accompagné d’Anaëlle Berre de la rédaction de Pont-l’Abbé, nos grandes reporters, Inès Le Page et Marie Chevalier, sont allées à la rencontre des journalistes présents, ainsi que des élèves des classes de 1re suivant la spécialité Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques.

Cette conférence avait pour objectif d’apprendre aux élèves à distinguer le vrai du faux dans les flux d’information mais aussi à se méfier des théories du complot qui circulent sur Internet.

Un groupe d’élèves attentifs et captivés par l’intervention d’Alain Peudenier

« Sans l’information, nos vies sont impossibles »

Une information est un fait vérifié ou vérifiable mais c’est avant tout l’action de faire connaître. Elle nous sert à comprendre le monde dans lequel nous vivons mais aussi à éclairer nos choix ainsi que nos décisions, « sans l’information, nos vies sont impossibles », comme l’a souligné A. Peudenier. L’information est fabriquée par les agences de presse (AFP, AP, Reuters) puis par les journalistes qui diffusent les informations par le biais des journaux, de la radio, de la télé. Grâce au développement d’internet, et par extension des réseaux sociaux, toute personne peut maintenant fabriquer de l’information.

Alain Peudenier : sensibiliser à ses dangers pour combattre le complotisme

« Le piège des hameçons attentionnels »

Internet engendre une diffusion massive d’informations aidé par les algorithmes et les « hameçons attentionnels ». Cela crée de la peur et des conflits et, par conséquent, une exposition plus importante à de fausses informations. Ces fausses informations se diffusent et créent une méfiance envers toute parole institutionnelle (journalistes, gouvernement, enseignants…). Notre reporter Inès partage son opinion sur la conférence : « J’ai beaucoup apprécié l’intervention d’Alain Peudenier, ce fut très intéressant. J’ai appris énormément de choses, comme par exemple la relation entre les agences de presse et les journalistes qui signent un contrat qui promet et assure la rapidité, la fiabilité et la neutralité de l’information transmise par l’agence. Le sujet des « fake news » ou « infox » m’a aussi fait beaucoup réfléchir… ».

Des infox pour manipuler l’opinion

Pour rappel, une infox est une information truquée, modifiée ou fabriquée de toute pièce dans le but de manipuler l’opinion publique, elle a pour objectif de répandre des idées politiques, de gagner de l’argent, de déstabiliser les États ou d’entacher des réputations… Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les fake news ne datent pas d’hier et étaient, dans le passé, bien plus présentes qu’à l’heure actuelle. Le sujet des infox se rapporte à celui du complotisme et des théories du complot…

« Le complotisme répond à un besoin profond de comprendre ».

Une théorie du complot est un contenu se voulant informatif attribuant l’existence d’un fait à un petit groupe de personnes généralement puissantes, riches et dominatrices, planifiant ou ayant planifié en secret une action néfaste au plus grand nombre. Nous pouvons combattre ces théories en nous demandant si l’information est signée, datée, sourcée, contextualisée et en étant attentifs aux « signaux complotistes », tels que l’utilisation d’expressions comme « le système » ou « on nous cache des choses »… Comme l’a dit François Dubet, sociologue français, « Le complotisme répond à un besoin profond de comprendre », ce qui explique son succès.

Nous avons demandé le ressenti de notre seconde reporter, Marie Chevalier : « Je me suis rendue compte grâce à cette intervention que j’ai moi-même été confrontée à des théories complotistes sans m’en être aperçue, comme par exemple la théorie selon laquelle la princesse Diana a été assassinée ou que le COVID-19 a été créé par les gouvernements afin de réduire la population mondiale. Je ne pense pas être la seule à être dans ce cas-là, c’est donc là que l’intervention d’Alain Peudenier prend tout son sens. Malgré tout, comme il l’a souligné, je pense qu’il ne faut pas tomber dans la paranoïa car les théories du complot sont rares, tout comme les infox d’ailleurs ». Mais comme « il n’est pas nécessaire qu’il y ait 51 % de complotistes pour mettre en danger la démocratie, il faut combattre le complotisme ».

L’objectif des journalistes est donc atteint : à travers leur intervention, ils ont sensibilisé les élèves aux dangers des fausses informations et des théories complotistes. En effet, ces informations truquées ou modifiées, même relayées par un petit groupe de personnes, sont aujourd’hui une menace pour les démocraties, et nous l’avons récemment vu avec les groupes bolsonaristes qui ont organisé, sur les réseaux sociaux, l’assaut du palais présidentiel de Brasília.

Alain Peudenier et Anaëlle Berre jouraliste d’Ouest-France, répondent aux questions des lycéens à la fin de la Conférence.

Dans l’optique de cette conférence, les élèves avaient préparé une enquête, auprès des lycéens de l’établissement, sur « les jeunes, les infox et le complotisme ». Durant son intervention, Alain Peudenier y a beaucoup fait référence. Retrouvez les résultats de l’enquête ici.

Nous remercions Alain Peudenier et sa collègue, Anaëlle Berre, pour leur intervention qui, nous en sommes sûrs, aura appris beaucoup de choses à tout le monde.

Article rédigé par le groupe 1 d’HGGSP de 1re

Interview d’élèves par d’autres élèves du groupe

  • « On a pu découvrir le monde du journalisme et comment le complotisme peut-être un enjeu pour les démocraties. C’était intéressant, les informations étaient complémentaires à ce que je savais déjà. Alain Peudemier avait l’air passionné par son métier, ce que je trouvais captivant. » (Reem, 1re G4)
  • « Aujourd’hui je me rends compte qu’il est essentiel de vérifier les informations qui sont relayées sur les réseaux sociaux, surtout quand on ne voit que ce qu’on nous propose ou ce qu’on a envie de voir. » (Josse, élève de 1re 3)
  • « Tout le monde dans la classe a déjà constaté que les réseaux nous enferment dans une bulle informationnelle bien à nous et qu’il est facile de se faire avoir par le complotisme, des infox ou des photos trompeuses, si on ne vérifie pas les sources. » (Flore, 1re G4)
  •  « Le journaliste nous a beaucoup sensibilisés aux fake news et au complotisme. Il nous a montré que si l’on recadre l’image, on peut en changer le sens donc il faut s’en méfier. La technique de vérification des sources s’appelle l’image inversée […] également, il nous a appris a vérifier des informations en confrontant différentes sources et il nous a indiqué des sites internet pour nous aider à le faire. Il nous a aussi montré que les fake news et le complotisme peuvent servir des enjeux politiques et économiques et que cela peut donc constituer une menace. En conclusion, on voit que ce métier de journalisme est une passion, et que cela passionne celui qui donnait la conférence ». (Clet, élève de 1re G1)