Représentés par trois de leurs camarades porte-parole, Célia, Faustine et Yann, les lycéens honorent d’abord la mémoire de ceux qui se sont engagés, dans les années noires, au prix de leur vie, pour que les valeurs de la République retrouvent tous leurs droits. Et avant tout la Liberté.
C’est Célia qui inaugure la cérémonie avec brio : "dans l’imaginaire collectif, les dunes et la Pointe de La Torche où nous sommes à présent représentent un immense espace naturel, les vacances, le divertissement, le tourisme balnéaire, le surf aussi, bien entendu. Pourtant, il y a de cela plus de 77 ans s’est joué ici un des trop nombreux drames de la Seconde Guerre mondiale. Ces dunes, sur lesquelles nous nous trouvons, ont, en effet, été le théâtre d’un événement historique marquant pour le Pays bigouden : 15 de ses fils y ont perdu la vie. Du sang a coulé sur ces dunes, le sang de 15 hommes, 15 héros, 15 martyrs. Ils ont été exécutés par l’occupant nazi pour faits de résistance".
Yann enchaîne ensuite avec la même maestria pour expliquer le drame qui s’est noué : "Nous sommes en juin 1944, peu de temps après le débarquement en Normandie, la défaite du IIIe Reich semble inéluctable. Devant l’avancée des troupes américaines, les Résistants locaux s’enhardissent. Au cours d’une opération de réception d’un parachutage d’armes sur la commune de Plomeur, ils capturent quatre soldats de l’Armée allemande qu’ils retiennent prisonniers".
Le talent oratoire de Faustine confère alors à la cérémonie une tonalité très émouvante. "Les représailles sont terribles, rappelle-t-elle : arrêtés et emprisonnés à leur tour, ils sont jugés par un tribunal militaire allemand et condamnés à mort. Neuf d’entre eux sont fusillés sur les dunes de la Torche, le 15 juin 1944. Ils sont alignés, pieds et poings liés, devant une fosse dans laquelle leur corps s’écroule sous les balles du peloton d’exécution. Le 22 juin, une nouvelle session du tribunal militaire de la Feldkommandantur 752 condamne à mort six autres résistants. La commune de Plobannalec-Lesconil vient alors, en une semaine, de perdre 15 de ses fils : ils sont tous reconnus « morts pour la France »".
- Le Maire de Plomeur (Ronan Crédou) et la Proviseure du Lycée Laennec (Élodie Aubertot) encadrent le Résistant Alain Bodivit
Yann et Faustine égrènent ensuite le nom et l’âge de chacun des Résistants fusillés, évoquant plus spécifiquement Yves Biger, exécuté à l’âge de 17 ans, l’âge des lycéens présents sur les dunes de La Torche.
Le message est clair, martelé par Célia : "Nous sommes leurs héritiers, nous sommes les héritiers des valeurs qu’ils ont défendues au prix du sacrifice de leur vie. Leur engagement constitue un exemple pour nous. En organisant cette cérémonie, nous honorons leur mémoire en ce mardi 12 octobre. Ces Résistants bigoudens incarnent la résistance à la barbarie nazie, ils représentent tous les Résistants finistériens, tous les Résistants de France et d’ailleurs".
- Sol et Zia remettent à Anne Friant de l’ANACR le sable collecté.
- « Que ce sable repose dans l’alvéole du Finistère au sein du monument de Châteaubriant. Nous vous le confions, Madame ».
Pour renforcer la portée de ce message, deux élèves de 1re, Sol et Zia, recueillent, symboliquement, une poignée du sable de ces dunes, où les héros ont perdu la vie, pour qu’il soit déposé dans le Monument de Châteaubriant en Loire-Atlantique. Monument dont la base est constituée de 183 alvéoles, remplies avec de la terre prélevée sur les lieux de résistance à travers l’Europe et l’Algérie.
- Les trois orateurs, guidés, durant toute la cérémonie, par François Fouré (délégué général du Souvenir français) laissent la parole à Alain Méléard, président du Comité départemental du Prix de la Résistance et de la Déportation
La cérémonie s’achève avec le dépôt d’une gerbe par Yanis et Charlotte, accompagnés du Résistant Alain Bodivit, qui s’est engagé lui-même, à l’âge de 17 ans, en 1943, au sein du réseau Turma Vengeance.
- En fin de cérmonie, lors du dernier moment de recueillement, les Rafale de l’Armée de l’air s’invitent dans le ciel de la baie d’Audierne pour un hommage impromptu.
Merci à vous chers Jeunes gens, chers professeurs du Lycée Laennec de Pont-l’Abbé
Nous venons de vivre un moment très fort, hautement symbolique, que nous garderons tous en mémoire. Par ce geste de prélever un peu de ce sable qui fut leur linceul, par leurs noms dits à haute voix, par les fleurs déposées,vous venez de créer un lien indéfectible entre vous et la génération qui dut affronter une situation exceptionnelle. Vous avez donné de la chair et du cœur à l’Histoire, vous avez fait œuvre de passeurs de mémoire à votre tour.
« Le vent souffle sur les tombes, la liberté reviendra, on nous oubliera, nous rentrerons dans l’ombre. » Ainsi se termine la Complainte du Partisan écrite par Emmanuel d’Astier de la Vigerie.
Ici à la Torche le vent souffle fort sur les tombes, la liberté est revenue, mais vous n’oublierez pas. Vous avez mesuré ce qu’il en a coûté à ces combattants de l’ombre pour rétablir la République, la Paix, la Liberté . Et vous serez des citoyens éveillés, éclairés, à la haute conscience. Merci à vous !
Croyez bien que c’est avec la même ferveur, le même recueillement, qu’en votre nom, dimanche 17 octobre, je déposerai cette terre de Résistance dans l’alvéole qui lui sera consacrée, lors de la cérémonie de Châteaubriant.
Des photographies seront prises et je viendrai vous en rendre compte.
Anne F-M