A la remise du Prix de BD géopolitique

Le lundi 30 janvier, les 34 élèves du groupe 1 d’HGGSP de 1re étaient conviés, au Centre d’instruction naval de Brest, à la remise du Prix 2023 de la bande dessinée Géopolitique - histoire contemporaine. L’occasion pour eux d’échanger avec deux auteurs figurant au palmarès et de recevoir une leçon de géopolitique dispensée par l’Amiral Rogel.

Une quinzaine d’établissements bretons et le lycée français de Berlin avaient répondu, dès la rentrée de septembre 2022, à l’appel de l’association Géopoli’bulles pour se lancer dans ce prix visant à récompenser la meilleure bande dessinée de l’année.

Le 1er prix revient à Ersin Karabulut pour son « Journal inquiet d’Istanbul »

Ils se sont ainsi retrouvés pour la remise des prix et la rencontre avec deux des lauréats.

Maëlle (3e à gauche) sur la scène pour un échange avec Ersin Karabulut, en visioconférence et en… anglais.

Échange avec un dessinateur de presse turc

C’est Ersin Karabulut, pour son "Journal inquiet d’Istanbul" qui a remporté le premier prix. Maëlle s’est portée volontaire pour représenter le lycée Laennec lors de l’échange, en anglais et en visioconférence, avec l’auteur turc. Difficile pour le dessinateur de se montrer totalement transparent sur les questions politiques mais il répond bien volontiers à sa question, elle qui souhaiterait savoir quels conseils Ersin Karabulut donnerait à un jeune dans ce « type de régime » pour qu’il puisse réaliser ses rêves. "C’est important de savoir qui tu es, ce que tu aimes, quelle est ta curiosité, de faire les films que tu voudrais voir, d’écrire les livres que tu voudrais lire, etc." Cette BD est née des sollicitations des gens, des lecteurs, en France ou en Allemagne qui cherchent à comprendre ce que cela fait d’être cartoonist en Turquie. "Si vous ne pouvez pas dire les choses d’une certaine manière, il faut trouver une autre voie pour continuer à avancer."

Un scénariste de BD à la 2e place

Marie (2e à gauche) sur la scène du CIN après la rencontre avec Jean-Charles Gaudin.

Dans un second temps, les élèves ont pu écouter les discussions de leurs porte-parole avec Jean-Charles Gaudin, le scénariste de la BD « Au nom du pain », qui figure sur la 2e marche du podium. Marie, qui avait beaucoup apprécié cet ouvrage, a souhaité se faire l’ambassadrice de ses camarades auprès de l’auteur. "Lorsque vous avez écrit le premier tome, aviez-vous l’intégralité de l’histoire en tête, ou cela vous est-il venu au fil de la création ?", l’a-t-elle notamment interrogé. Une manière de comprendre le processus de création artistique.

Dédicace de Jean-Charles Gaudin, le scénariste de la bande dessinée « Au nom du pain », recueillie par Marie après son échange avec l’artiste

Une sensibilisation aux enjeux du monde contemporain sous une forme sans doute un peu inhabituelle pour les élèves : la bande dessinée permet aussi d’appréhender tous ces défis politiques, géopolitiques, socio-culturels, environnementaux,… auxquels nous devons faire face.

Retrouvez ici les chroniques de critique des BD en lice pour le Prix Géopoli’bulles enregistrées par les élèves de 1re HGGSP.

Une leçon de géopolitique dispensée par l’Amiral Rogel

Ancien chef d’état-major de la Marine (2011-2016) et chef de l’état-major particulier du président de la République auprès de trois chefs d’État (Jacques Chirac, François Hollande et Emmanuel Macron), l’amiral Bernard Rogel a été désigné parrain du Prix Géopoli’bulles. C’est donc à lui qu’est revenu l’honneur d’inaugurer la cérémonie, après l’ouverture effectuée par le directeur du CIN Sébastien Houël.

Pour Bernard Rogel, le monde a basculé dans les années 2010. Si la Guerre froide avait introduit une logique bipolaire, l’effondrement de l’URSS a permis l’affirmation du multilatéralisme. Mais depuis les années 2010, le monde a connu une profonde transformation du fait de 6 ruptures majeures :

  • le retour des stratégies de puissance (avec l’affaiblissement du multilatéralisme)
  • l’affrontement féroce sur tous les terrains (terre, mer, air, cyber, espace)
  • la compétition technologique intense avec un nouveau compétiteur, l’Asie, en matière d’innovation, la maîtrise de la technologie déterminant de plus en plus la souveraineté.
  • le développement de stratégies hybrides (accompagnées d’un recul de la démocratie)
  • l’entrée dans l’ère de l’impatience
  • le développement des enjeux environnementaux avec la nécessité de mener des actes de prévention (« si on ne défend pas l’environnement, ce sera porteur de nouvelles crises »).
Marie (à gauche) sur la scène du CIN avec l’Amiral Rogel (à droite)

"L’invasion de l’Ukraine s’inscrit ainsi dans le prolongement de cette rupture des années 2010. Il est donc essentiel de bien examiner le nouveau monde. Le Prix de la BD Géopolitique - histoire du monde contemporain y contribue. Ce monde est en effet différent de celui que l’on a connu auparavant. Il est plus instable, moins compréhensible, fait de turbulences, de course technologique, de défis climatiques. Il ne faut pas avoir peur, mais comprendre, anticiper les changements. On croit tout savoir grâce à internet et aux réseaux sociaux, mais on ne sait pas grand-chose. Il faut surtout développer quatre qualités pour comprendre le monde :

  • faire preuve d’humilité devant la nature, devant les événements, donc ne jamais céder à l’arrogance
  • savoir travailler en équipe
  • regarder au loin, ne pas vivre au quotidien, préparer l’avenir, quitter l’âge de l’impatience pour revenir à celui de la raison
  • ne pas confondre l’information et la compréhension, lire, écouter les autres, éviter les vérités pré-mâchées, peser le temps de la réflexion, croiser tous les points de vue et ne pas négliger… la bande dessinée : lire pour comprendre, pour s’ouvrir sur le monde, pour rêver."
Intervention de l’amiral Bernard Rogel, au CIN de Brest, le 30 janvier 2023

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