L’histoire du lycée Laennec

Le lycée Laennec, produit d’une histoire et d’un territoire, acteur économique, social et culturel.

Travail réalisé en 2010/2011 par les 1res ES dans le cadre de Travaux Personnels Encadrés.

C’est au lendemain de la Grande Guerre que la municipalité de Pont-l’Abbé envisage la création d’une École primaire supérieure préparant le brevet élémentaire et les concours qui, aux yeux de tous à l’époque, constituent le témoin d’une certaine réussite sociale : les PTT, le Trésor ou l’École normale. Il s’agit d’ouvrir un établissement laïc pour desservir une population d’environ 40 000 habitants, dispenser un enseignement professionnel agricole et maritime, permettre aux jeunes Bigoudens de poursuivre leur scolarité après l’obtention du fameux « certif’ » et… concurrencer l’enseignement dispensé par les frères de Saint-Gabriel.

La naissance de l’EPS de Pont-l’Abbé

En 1929, sept ans après la naissance du projet et grâce à l’action de la municipalité Le Bastard, l’inauguration de ce que tout le monde appelle alors l’EPS peut avoir lieu, même s’il ne s’agit que d’un Cours complémentaire, le Ministère à Paris n’ayant jamais validé l’appellation couramment utilisée. Accueillant 139 élèves lors de son ouverture, l’établissement, implanté dans un majestueux bâtiment, ne manque pas d’interpeller le visiteur : dans un contexte où la querelle scolaire est encore vivace, l’édifice, bâti selon les plans de l’architecte guingampais Georges-Robert Lefort et surmonté d’un curieux campanile lui conférant un caractère quasi religieux, fait la fierté des défenseurs de l’école de la République. Marquant le territoire communal de son empreinte, l’étrange tour, devenue l’emblème de l’établissement, s’impose comme un repère dans le paysage, au point d’attirer également le regard d’un journaliste du quotidien parisien Le Matin en 1933 : « Pont-l’Abbé s’est doté d’une école à la structure de monument romain. Les architectes bretons ont pu livrer, au début de 1929, le Palace-École ». Construite sur un vaste terrain à l’écart de la ville, celui-ci bénéficie de plusieurs terrains de sport, d’un jardin d’agrément et d’un jardin potager et d’expérience agricole. L’EPS de Pont-l’Abbé connaît un succès rapide, au point de scolariser 259 élèves à la rentrée d’octobre 1933 et bénéficie, par la suite, des réformes menées par le Front Populaire qui, sous l’impulsion de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale de 1936 à 1939, vise à démocratiser la culture et l’instruction en développant le système des bourses, en étendant l’âge de la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans ou en réduisant les effectifs par classe (à 35 élèves maximum).

Les heures sombres de l’Occupation

Mais la période de l’Occupation marque un coup d’arrêt au développement de l’école : alors que la Kommandantur s’installe dans les bâtiments du rival Saint-Gabriel, les locaux de l’EPS sont aussi réquisitionnés par les Allemands dès juin 1940. L’internat est fermé et la plupart des élèves sont contraints de poursuivre leur scolarité à Concarneau, Douarnenez, voire Quimperlé. Les effectifs fondent : 131 élèves, seulement, en 1941-1942 trouvent refuge dans le « pigeonnier » (le cours complémentaire situé place des Carmes). Cette sombre période est marquée par les actes de résistance de certains des membres de l’école : quelques-uns d’entre eux ont du reste payé de leur vie leurs actes héroïques. Trois élèves auraient été fusillés durant la guerre et Yves Bernard a été arrêté par la Milice et déporté en Allemagne dans les camps de Buchenwald et de Dora d’où il est revenu brisé, traumatisé, tant physiquement que psychologiquement.

Un lycée à Pont-l’Abbé

En 1964, le lycée prend le patronyme de René Théophile Laennec (1781-1826, médecin inventeur du stéthoscope qui avait des attaches dans la capitale du pays Bigouden).

Après la Seconde Guerre mondiale, l’établissement reprend son essor en devenant, en 1946, une annexe du lycée de garçons de Quimper grâce à l’ouverture de deux classes (une 2de et une 1re) et en commençant à scolariser des filles à la rentrée suivante. La vague de démocratisation des Trente Glorieuses – prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans selon le plan Berthoin de 1959 - lui permet d’accéder au statut de lycée d’État Mixte en 1962 (avant d’adopter deux ans plus tard le patronyme de René Laennec) et de voir ses effectifs culminer à 1560 élèves en 1970.

Les extensions successives réalisées sur des terrains achetés par la municipalité de Pont-l’Abbé permettent à l’établissement de bénéficier d’une emprise spatiale importante (entre 13 et 14 hectares) et aux élèves et personnels de profiter d’un cadre de vie agréable, agrémenté de paysages, d’où la végétation n’est jamais absente.

C.E.S., C.E.T., L.G.T., B.T.S. : une diversification des formations.

L’établissement prend encore de l’envergure en 1964 avec la transformation du premier cycle du lycée en collège d’enseignement secondaire. Celui-ci devient autonome en 1971, un an avant la fondation du collège d’enseignement technique proposant diverses formations (CAP employé de collectivité, industrie de l’habillement et électromécanicien, BEP Comptable-Mécanographe). Cette séparation du collège et du lycée permet ainsi de créer un établissement à « dimension humaine » et de fournir ainsi à tous des conditions de travail privilégiées. Dès lors, il ne connaît plus guère de mutations majeures, si ce n’est la création de nouvelles filières (terminales G à partir de 1974), la transformation du CET en LEP en 1977 ou l’ouverture d’un BTS tourisme en 1992 pour faciliter le rapprochement avec le monde professionnel et ouvrir une fenêtre sur l’enseignement supérieur. Tous ces changements s’accompagnent d’une féminisation accrue des effectifs : si l’EPS scolarisait exclusivement des garçons, le lycée Laennec accueille une très nette majorité de filles. L’évolution des stratégies scolaires des familles ainsi que la facilitation des déplacements, favorisée par l’essor de la voiture individuelle, le développement des transports scolaires ou la construction de la Transbigoudène accroissent, dès les années 1980 et surtout depuis les années 1990, le caractère périphérique de l’établissement pont-l’abbiste : il doit, de plus en plus, tenir compte de son rôle de simple satellite des lycées quimpérois pour définir une identité spécifique, établir ses projets éducatifs et ouvrir des formations attractives, tout en tenant compte, bien évidemment, des moyens alloués par le Rectorat. Pour cela, il peut compter sur l’action de quelques proviseurs qui se sont durablement implantés dans le Pays Bigouden : Alain Méléard (1989-1955) ou encore Jean-Louis Buannic (2000-2007), sans égaler le record de René Millet (22 ans à la tête de l’établissement), ont pu marquer le lycée Laennec de leur empreinte.

La rétractation de l’espace-temps, accompagnée des évolutions des modes de vie, bouleversent le rôle de l’internat : alors que dans les années 1930-1940, les pensionnaires étaient majoritaires au sein des effectifs de l’EPS (plus des 2/3 en 1930-1931), que l’internat affichait complet dans les années 1950-60 (168 garçons en 1952-1953) - au point que certains élèves, les plus âgés, devaient être « internes-externés » - il n’a plus guère la cote désormais, accueillant moins d’un élève sur 10 scolarisés à Laennec (essentiellement en lycée professionnel).

Le début du 21e siècle est marqué par une série de travaux visant à rénover les bâtiments, à construire un préau fermé, à créer un nouveau CDI ou à réhabiliter la salle des fêtes baptisée, dès 1983, salle Autret en hommage à une amie de l’ancien Proviseur, René Millet, ancienne institutrice, qui, dans son testament, avait décidé de faire don de tous ses biens au lycée Laennec (soit un montant supérieur à 700 000 francs).

Si la proximité du très réputé spot de la Torche permet à l’établissement d’être choisi en 2001 par la fédération française de surf pour accueillir l’un de ses pôles espoirs, l’ouverture européenne, quant à elle, se fait difficilement : malgré la création de la section européenne allemand, le lycée peine à attirer tous les collégiens de son bassin de recrutement, pourtant relativement réduit, et les effectifs ne cessent de baisser (moins de 700 élèves à la rentrée 2009). Le creux démographique, allié à une attractivité croissante des lycées quimpérois, le place à un tournant décisif de son histoire. La fermeture du BEP Métiers de la Mode en 2010 et les difficultés de recrutement des Bac Pro nouvellement créés (Comptabilité, Électronique) ne sont pas compensées par les incontestables succès du BEP Carrières sanitaires et sociales. La suppression de l’enseignement du breton à la rentrée 2010 marque même la fin d’une époque : il s’agit désormais de trouver un nouveau souffle pour cette « magnifique école au campanile ajouré, aux centaines de fenêtres et de baies vitrées, aux divisions spacieuses, aux couloirs cintrés comme ceux des monastères où l’on a bâti en vue de l’éternité » (Le Matin, 1er août 1933).

Pour aller plus loin

1. Le lycée Laennec, produit d’une histoire et d’un territoire (première partie) 2. Le lycée Laennec, produit d’une histoire et d’un territoire (deuxième partie)

REMERCIEMENTS

Nous tenons à adresser nos remerciements les plus sincères à toutes les personnes qui, à des degrés divers et sous des formes variables, nous ont accompagnés, aidés, guidés dans notre travail et ont permis sa réalisation. Les anciens élèves de l’établissement Per PÉRENNOU (entré dans l’établissement en 1937) Joseph LUCAS (entré en 1942) Roger LOUSSOUARN (entré en 1946) Germaine LUCAS, née DURAND (entrée en 1947) Pierre GOULETQUER (entré en 1951) Janine LE BERRE-TANNEAU (entrée en 1952) François MARZIN (entré en 1952) Jean QUEFFELEC (entré en 1953) Jean-Claude BODÉRÉ (entré en 1956) Claude VOLANT (entré en 1961) Jean-Guy LE FLOCH (entré en 1963) Marie-Pierre QUINIOU (entrée en 1964) Christine DURAND (entrée en 1968) Albert CARIOU (entré en 1971) Aline LE PAGE (entrée en 1980) Maryse QUINIOU (entrée en 1981) Sylvie EUGÈNE (entrée en 1982) Florence OLLIVIER (entrée en 1984) Catherine S (entrée en 1992) Nicolas Mahmoud (entré en 2007)

Les personnels de l’établissement (actuels et anciens) et plus particulièrement pour leur contribution :

  • Claude LESPAGNOL (enseignant d’anglais de 1974 à 2010) et François CHIQUIER (ancien professeur d’anglais du lycée), des anciens enseignants du lycéen Marie-Pierre QUNIOU, Albert DREZEN.
  • un professeur actuellement en fonction au lycée : Béatrice LE FESSANT,
  • deux anciens proviseurs Alain MÉLÉARD (de 1989 à 1995) et Jean-Louis BUANNIC (2000 à 2007),
  • Annie NICOT (Conseillère Principale d’éducation (de 1999 à 2008),
  • Jacques LE BEUVANT ’Ancien agent comptable du lycée).

Et pour leur aide : Benoît LAMBINET, Christian LE BELLEC, Maryse QUNIOU, Maryvonne PERENNES

Les représentants des parents d’élèves : Jean Kervision (années 1960) et Marie-Anne CHEVALIER (années 2010)

Le conseil général (Olga Godec) et le conseil régional (Jean-Claude Lessard).

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